Mosaïque de plus de 250 ethnies, c’est un pays éprouvé par les conflits qui émaillent son histoire depuis son indépendance en 1960. Après la meurtrière Guerre du Biafra, il est  aujourd’hui plongé dans la violence par le fait de la secte islamique Boko Haram : des milliers de morts, plus d’1,7 millions d’enfants déplacés... Le groupe terroriste, qui ne cesse de s’attaquer aux chrétiens, ravage le Nord-Est du pays.

Les catholiques au Nigéria sont en général très pieux, très versés dans les pratiques de dévotion, et peuvent passer des heures en prière à l’église. Ils se confessent souvent, ils vivent de leur foi au quotidien. La disposition naturelle à la religion joue son rôle dans cette ferveur, mais celle-ci est aussi et surtout l’héritage des missions catholiques du passé.

En chiffres :

 

 

Le Nigeria n’existe plus. Cet Etat mastodonte de 932.000 km2 peuplé par plus de 140 millions d’habitants où la nature et l’histoire dessinent trois grandes régions dominées par trois grandes populations entourées d’une multitude d’ethnies minoritaires n’a d’ailleurs jamais existé avant la colonisation britannique.

 

Au mois d’avril 2007 fut élu à la tête du pays, Umaru Musa Yar’Adua, un nordiste musulman d’ethnie Haoussa, gouverneur de l’Etat de Katsina où il introduisit la Charia. Son mandat était de quatre ans, mais il mourut en 2010, soit un an avant son terme et son vice président, Goodluck Jonathan, un sudiste chrétien d’ethnie Ijo, donc apparenté aux Ibo, lui succéda comme le veut la Constitution.

 

La crise politique qui éclata ensuite et qui fut l’accélérateur des évènements actuels, repose sur deux interprétations de l’accord tacite et d’une pratique politique récente voulant que la présidence soit assurée tour à tour par un président issu du Nord ou du Sud avec un vice-président représentant la région n’occupant pas la plus haute fonction de l’Etat.

 

Les nordistes-musulmans considéraient que le mandat d’un président issu du Nord n’ayant pas été mené à son terme, lors des élections présidentielles de 2011, le président intérimaire devait donc s’effacer pour laisser un des leurs être élu à la tête de l’Etat fédéral. Goodluck Jonathan qui estimaitau contraire que le tour des nordistes était passé, se présenta. Il fut élu à l’issue d’un scrutin clairement ethno régional, le pays étant coupé en deux, le nord ayant voté en bloc pour un candidat nordiste musulman et le sud pour un candidat sudiste chrétien comme la carte le montre clairement.

 

Or, depuis 2009 un mouvement fondamentaliste musulman dont le nom est Boko Haram ensanglante le nord du Nigeria cherchant à exacerber la fracture entre le nord et le sud du pays afin d’imposer l’indépendance du nord et sa transformation en un Etat théocratique inscrit dans la tradition des émirats du XIX° siècle. Ce mouvement prit de l’ampleur, ancré sur les réalités géographiques, anthropologiques, ethniques, historiques et religieuses qui font, de la vaste région des confins Nigeria-Niger-Cameroun, un foyer favorable à son action. 

 

Boko Haram s’est d’abord livré à des attaques de chrétiens afin de pousser ces derniers à quitter la région, puis il s’est attaqué à tout ce qui représente l’Etat nigérian. En 2014 le mouvement est entré dans une phase de conquête territoriale, réussissant à chasser l’armée et l’administration fédérales de vastes portions du nord du pays. Cette stratégie passe par des massacres massifs de villages acceptant l’autorité fédérale et par une politique de terreur dont les enlèvements de lycéennes afin de tétaniser les populations et leur interdire toute résistance. Militairement, le gouvernement fédéral et son armée sont impuissants dans ce qui est clairement devenu une guerre Nord-Sud. Perçue comme une force d’occupation étrangère par les populations nordistes, l’armée fédérale nigériane n’a été capable jusqu’à aujourd’hui que de se livrer à des représailles aveugles qui ont entraîné la radicalisation des populations.

 

Composée en grande partie de sudistes chrétiens terrorisés par les méthodes de Boko Haram, elle s’est largement repliée sur ses casernes, abandonnant une partie de la région à ses adversaires. A la fin du mois d’août 2014, Boko Haram a placé sous le règne du califat islamique une partie de la région qu’il contrôle. Le Nigeria n’existe donc plus et le Niger, le Cameroun et le Tchad risquent de connaître à leur tour la tourmente islamique.